Moulin des Jésuites Charlesbourg
La poste
Julie-Léocadie DeFoy Lecours est la première tenancière du bureau de poste de Charlesbourg, situé dans le Trait-Carré. Peu rémunérée, elle gagne 40,16 $ pour une période de 2 ans, soit de 1857 à 1859. À la même époque, un charpentier peut gagner jusqu’à 400 $ en une année. Au total, quatre femmes sont nommées maîtresses de poste dans ce bureau. Plus tard, trois générations de Verret (Jacques, Jacques-Ferdinand et Hector) occupent ce rôle. En 1967, le bureau de poste est déplacé à l’extérieur des limites du Trait-Carré.Crédit iconographique : Hector Verret, dernier tenancier du bureau de poste du Trait-Carré, vers 1960, Société d’histoire de Charlesbourg (Boîte B, no90b).
Les meuniers en Nouvelle-France
À l’époque de la Nouvelle-France, les moulins sont administrés à distance par les seigneurs, les propriétaires. Les meuniers sont des employés payés. Sur place, ils s’occupent de la gestion complète du bâtiment et procèdent aux transactions avec les censitaires et les seigneurs. Ils occupent l’espace comme lieu de résidence.Crédit iconographique : Habit de Meusnier, par Nicolas de L’ Armessin, gravure de Walck, 17e siècle.
Le fonctionnement du moulin
Jusque dans les années 1940, époque à laquelle le moulin cesse de produire de la farine, une partie du mécanisme se trouve ici. Une très grande pièce de bois, nommée arbre, relie la grande roue aux engrenages. L’arbre passe par la trappe au mur. Le poids de ce grand mécanisme repose sur le muret de pierre encore visible. Grâce aux différentes courroies de cuir, aux poulies et autres axes de transmission faits de bois et de métal, les meules, situées à l’étage du dessus, s’activent. Ces engrenages servent aussi à faire fonctionner les autres composantes du mécanisme, comme le crible, les alivettes et le bluteau. Au cours de son histoire, le moulin des seigneurs Jésuites a déjà eu deux paires de meules, visibles sur le schéma.Crédit iconographique : Plan du Moulin des Jésuites, par John Henderson, 18 juin 1821, Collection Moulin des Jésuites.
La grande roue à aubes
Cette reconstitution représente la première roue à eau du bâtiment : une roue à aubes. À l’époque, elle mesure 18 pieds de diamètre. Dans un moulin, la roue est le point de départ du mécanisme. Elle permet de transformer l’eau en énergie. Au Québec, les roues des moulins sont très rarement à l’extérieur, car le froid, la neige et la glace l’endommagent grandement. Malgré une protection accrue, une roue intérieure doit être bien entretenue. Par exemple, lorsque le meunier met la roue à l’arrêt, il s’assure qu’elle ne soit pas dans le même axe que lors de sa dernière immobilisation. Cette protection évite au bois qui la compose de se gorger d’eau, ce qui déformerait et déséquilibrerait la grande roue.
Alimenter le moulin
Cette ouverture dans le mur date de l’époque de la roue à godets, la seconde roue en fonction au moulin. Pour ce type de roue, l’arrivée d’eau se fait par le dessus, afin de remplir les récipients — les godets. Le poids de l’eau dans les godets entraine le mouvement de la roue. Dans le but de contrôler la quantité d’eau qui entre dans le moulin, un barrage et un bassin d’eau sont construits en amont. Un canal d’amenée d’eau en bois relie le bassin à cette ouverture. Mais avant de construire ces installations, il a fallu amener l’eau au moulin en détournant la rivière des Commissaires qui passait plus loin. Un canal de 1,5 km a donc été creusé dans le sol, à bras d’homme.Crédit iconographique : Bassin d’eau, vers 1900, Collection Moulin des Jésuites.
Les combles du moulin
Dans les années 1990, lorsque les travaux de restauration du bâtiment commencent, le toit du moulin est très différent : il est plat. Ainsi, la toiture a été refaite selon la construction originelle. La charpente actuelle ne comporte aucun clou. Les poutres s’emboitent et des tenons-mortaises solidifient l’ensemble. Les « x » visibles près du plafond sont des croix de Saint-André. Elles permettent une meilleure répartition du poids du toit sur toute sa surface.Crédit iconographique : Structure des combles, vers 1990, Collection Moulin des Jésuites.
Un escalier unique
Cet escalier de meunier date de la Nouvelle-France. L’inclinaison prononcée de ce type d’escalier-échelle permet d’occuper moins d’espace dans la bâtisse, un enjeu bien réel dans plusieurs moulins. De plus, les marches se retirent, facilitant le remplacement si une section doit être réparée. Enfin, les coins des marches sont coupés et arrondis, éliminant ainsi les angles coupants qui pourraient déchirer les sacs de grains ou de farine. Aujourd’hui, tous les escaliers du Moulin des Jésuites sont façonnés sur ce modèle afin de rappeler ce savoir-faire ancestral.
Apporter ses grains au moulin
Cette petite porte est une lucarne à palan. À l’extérieur, une poulie permet de monter les lourds sacs de grains apportés par les villageois. Le grenier sert à l’entreposage de ces grains avant qu’ils soient moulus. Une fois les grains passés dans le mécanisme du moulin, les sacs de farine sont récupérés à l’étage du dessous par les colons.
L'évolution du Trait-Carré
Depuis sa création en 1665, le village du Trait-Carré, ainsi que la seigneurie Notre-Dame-des-Anges, ont beaucoup évolué. L’urbanisation s’est intensifiée dans les dernières décennies entraînant la diminution de terres cultivables, l’augmentation de la population, l’ajout de routes pavées et de bâtiments institutionnels. Au niveau démographique, 112 personnes résident dans la seigneurie en 1666. Après la conquête, en 1765, on compte 517 personnes sur ce même territoire. En 2015, la population de Charlesbourg s’élève à environ 80 000 personnes.
Les premiers moulins
Les moulins à vent sont les premiers moulins construits en Nouvelle-France. De petite taille, ils sont moins longs à ériger et coûtent moins cher. La première trace d’un moulin à vent remonte à 1607 à Port-Royal (Nouvelle-Écosse). Sur le territoire du Québec, Samuel de Champlain mentionne dans ses écrits la présence d’un moulin manuel dès 1625. Le premier moulin à eau aurait été construit au début des années 1630. Ce type de moulin a été plus long à implanter, car il a fallu l’adapter au climat rigoureux.Crédit iconographique : Le fort Rémy de Lachine et son moulin à vent, dessin de Gédéon de Catalogne, 1671.
Les fouilles archéologiques
Le parc du Moulin des Jésuites est un site archéologique. Les fouilles débutent dès 1989. Bien que peu d’artéfacts aient été trouvés, des traces de la vie du moulin à farine ont été mises à jour, notamment des fragments de pierres de meules. La pierre meulière provient de carrières françaises. Elle est composée d’environ 90 % de silice et 10 % de plâtre ou de ciment, permettant de retenir les différents morceaux de pierre ensemble. Les meules arrivent au Québec en pièces détachées. L’assemblage se fait au moulin, par des maçons ou les meuniers eux-mêmes.Crédit iconographique : Meule retrouvée sur le site du Moulin des Jésuites, vers 1990, Collection Moulin des Jésuites.
La transformation du grain
Faire une bonne mouture dans un moulin traditionnel est tout un art ! Les céréales sont d’abord mises dans la trémie, un contenant en forme d’entonnoir qui guide les grains vers l’auget. Cette dernière pièce est légèrement inclinée et son mouvement permet aux grains de tomber entre les deux meules à la vitesse souhaitée. L’espace entre les meules est ajusté selon le type de grains moulus. Ils sont alors coupés sous l’action du mouvement de la meule tournante et grâce aux sillons creusés à même la pierre. La farine est expulsée vers l’extérieur des meules grâce à la force centrifuge. Finalement, les alivettes transportent la farine au bluteau où elle est tamisée, puis ensachée.Crédit iconographique : Mécanismes, Moulin des Jésuites, essai de reconstitution par Michel Bergeron, novembre 1994, Collection Moulin des Jésuites.
L'évolution des engrenages
Les premiers engrenages apparaissent vers l’an 300. Ils permettent de changer de vitesse et de débrayer les mécanismes. Quelques années plus tard, la bielle est inventée. Celle-ci permet de transformer un mouvement rotatif en un mouvement alternatif, de va-et-vient. Ce type de mouvement est très utile pour couper du bois par exemple. Vers 1100, l’engrenage à pignon et crémaillère est inventé. Cette invention révolutionne le mouvement en transformant la force verticale en force horizontale. C’est grâce à cette innovation que le développement des moulins à s’accélère.Crédit iconographique : Schéma du fonctionnement de l’engrenage à pignon et crémaillère, Allo Prof.
Pierre Garon, aquarelliste
Artiste de renom, Pierre Garon est né en 1911. Bien qu’ayant travaillé en agronomie et en assurance, il est surtout reconnu pour ses peintures. Arrivé à Charlesbourg en 1939, il s’implique généreusement dans sa communauté. Il décède en 1977, après avoir exposé dans de grandes galeries partout dans le monde et gagné de nombreux prix.
Les églises du Trait-Carré
Les trois églises du Trait-Carré qui se sont succédé ont toujours été situées au centre du village. En 1685, une petite chapelle en bois accueille les villageois à l’emplacement de l’église actuelle. Elle est entourée par une quarantaine de maisonnées. Pour répondre aux besoins de la population grandissante, un second lieu de culte est construit en pierre, en 1697, de l’autre côté de la rue, dans l’actuel parc du Sacré-Cœur. La construction de la troisième et dernière église débute en 1827. Jusqu’en 1835, les deux églises se côtoient, circonstance assez unique dans le paysage québécois. La magnifique église Saint-Charles-Borromée est classée monument historique en 1959.Crédit iconographique : Village of Charlesbourg par James Pattison Cockburn, 15 Juin 1830, Musée Royal de l’Ontario.
La nécessité des animaux
Les animaux sont très utiles en Nouvelle-France. Leurs différentes qualités et fonctions améliorent la vie des colons. Le cheval, le bœuf et l’âne permettent de se déplacer. Au niveau de l’alimentation, les colons optent principalement pour le poisson, le bœuf, la poule, le coq, la dinde, le cochon et l’oie. Finalement, le mouton, la poule, le canard, l’oie, la vache et le cochon permettent de confectionner des vêtements grâce à leur laine, leurs plumes et leur cuir.
La vie au couvent, selon Thérèse Lefebvre, résidente du Trait-Carré
La vie au couvent, selon Thérèse Lefebvre, résidente du Trait-Carré.
La vie au collège, selon Jacques Garon, ancien résident du Trait-Carré
La vie au collège, selon Jacques Garon, ancien résident du Trait-Carré.
Les abeilles du Trait-Carré
La tradition apicole dans le Trait-Carré remonte à 1892, à l’époque où Jacques-Fernidand Verret et sa famille incluent le commerce du miel dans leurs nombreuses activités professionnelles. Chaque année, près de 17 000 livres de miel sont récoltées grâce au travail de plus d’un million d’abeilles. Cette activité dure jusqu’en 1962. En 2011, c’est le retour des ruches dans le Trait-Carré grâce à la famille Filion, qui poursuit cette tradition et entretient ce savoir-faire.Crédit iconographique : Jacques-Ferdinand Verret et ses ruches, 1923, Société d’histoire de Charlesbourg.
L'origine des briques jaunes de la maison Beaudet
Lors de la construction de cette maison en 1873-1874, des briques écossaises jaunes sont utilisées pour ériger les murs. Ces briques sont disponibles sur le territoire depuis l’époque des grands voyages transatlantiques par bateaux à voiles. Lors des traversées depuis l’Europe vers l’Amérique, les cales des navires sont lestées avec la brique écossaise, assurant ainsi la stabilité grâce à un poids conséquent. Arrivées au port de Québec, elles sont vendues comme matériau de construction. Pratique !Crédit iconographique : Maison Beaudet, Société d’histoire de Charlesbourg.
L'architecture de la cordonnerie Pageau
Cette maison est construite en 1875 selon les caractéristiques de l’architecture dite québécoise. Elle possède deux lucarnes à pignons et une cheminée centrale, en plus d’une toiture à deux versants et d’une galerie couverte à l’avant. Une devanture commerciale avec vitrine est ajoutée par le cordonnier. En 1978, la maison est agrandie à l’arrière et un logement est ajouté à l’étage, afin de concilier le commerce et l’espace domestique. La galerie est elle aussi transformée pour agrandir l’espace consacré à la cordonnerie. Au fil des années et des transformations, la maison s’est éloignée considérablement de son style architectural d’origine.Crédit iconographique : Société agricole de Charlesbourg, entre 1938 et 1944, Coopérative IGA de Charlesbourg.
L'évolution de l'architecture du Moulin
Au fil des années, le Moulin des Jésuites a eu plusieurs fonctions et son architecture témoigne de celles-ci. Entre 1742 et 1910, le bâtiment, de style français, revêt le style qu’on lui connaît aujourd’hui, répondant aux besoins du moulin à farine. De 1910 à 1990, l’immeuble possède un toit aplati. Le troisième niveau est donc plus grand, ce qui est très utile pour l’atelier de forge qui nécessite beaucoup d’espace. Dans les années 1990, la toiture subit à nouveau des changements et retrouve son allure d’origine. Cette restauration a été réalisée à des fins d’interprétation patrimoniale.Crédit iconographique : Charlesbourg - Trait-Carré - Moulin des Jésuites - Édifice, par Edgar Gariépy vers 1925, BAnQ
Les légumes de la famille Cloutier, selon Gérard Cloutier, résident du Trait-Carré
Les légumes de la famille Cloutier, selon Gérard Cloutier, résident du Trait-Carré.
Du pain au quotidien
L’ouverture en demi-lune visible dans le fond de l’âtre est l’entrée du four à pain. La capacité maximale de ce four est de 15 pains. En Nouvelle-France, le pain est l’aliment de base des repas. Il est consommé tous les jours, environ 7 fois plus qu’aujourd’hui. Pour faire chauffer le four, les braises du foyer sont mises à l’intérieur et l’habitacle se réchauffe environ deux heures avant de recevoir les miches qui cuisent en trente minutes.
Des mots rigolos en cuisine.
Andouille : sorte de charcuterie. Boustifaille : repas. Endive : bourgeon d’une sorte de plante. Guildive : alcool. Pitance : nourriture. Popote : cuisine. Ripaille : festin. Tourte : tarte garnie de viande ou de légumes et espèce d’oiseau aujourd’hui éteinte.
Les poutres anciennes
Au plafond de l’ancienne cuisine du moulin, les grandes poutres en pin datent de 1742, année de la construction du bâtiment. Provenant chacune d’un seul arbre, elles sont équarries à la hache. D’ailleurs, les traces de cet outil sont toujours visibles. Exposée à une plus forte chaleur, la poutre située près du foyer au fond de la pièce est plus fendue que les autres. En Nouvelle-France, lorsque les colons s’installent, le bois est primordial pour leur survie. Il est utile autant pour la construction des maisons, des outils, que pour la cuisine et le chauffage.
Démystifier les moulins à vent
Au Québec, les moulins à vent sont souvent localisés en bordure du fleuve Saint-Laurent, en haut d’une colline ou dans une plaine, afin de profiter de la force maximale du vent. Les moulins à vent sont aussi utilisés l’hiver. Le corps du moulin est cylindrique afin de permettre un écoulement fluide du vent, peu importe sa direction. La toiture, en forme de cône, possède une lourde charpente mobile, permettant au meunier d’orienter les ailes du moulin dans la direction optimale, face au vent. C’est dans cette partie du bâtiment que se retrouvent les engrenages.Crédit iconographique : Moulin à vent, vers 1910, Fonds Joseph-Louis Cartier, BAnQ Vieux-Montréal.
L'ingéniosité des roues
Les premières roues à aubes, aussi appelées roues à ailettes, apparaissent il y a environ 6000 ans et servent à améliorer l’irrigation des champs. Différents tests sont réalisés afin d’améliorer cette technologie. Ainsi, les roues à godets sont inventées il y a environ 2500 ans. Selon les époques, ces deux systèmes, ainsi que les turbines, bien plus tard, ont fait tourner les moulins à eau du Québec. Aujourd’hui encore, certains bateaux demeurent propulsés par des roues à aubes.Crédit iconographique : Bateaux à roues, 1939-1942, Fonds La Presse, BAnQ Vieux-Montréal.
Ce qui fait tourner les moulins
Les premiers moulins tournent grâce à trois grands groupes d’énergie : la force musculaire, la force hydraulique et la force éolienne. Les moulins liés à la force musculaire sont appelés moulins à sang. Ils sont actionnés par des animaux ou des humains. La force hydraulique utilise le courant de l’eau, son poids, ou encore sa vapeur. C’est en partie grâce aux machines à vapeur que la première phase d’industrialisation s’amorce au Canada dans la deuxième moitié du 19e siècle. Dans les moulins, la vapeur est davantage utilisée pour les moulins à scie.Crédit iconographique : Locomotive à grande vitesse du Chemin de fer du Pacifique Canadien, dans Le Monde illustré, Vol. 16, no 804 (30 septembre 1899), p. 346, BAnQ.
Un vestige du passé
Au sol, les traces de l’ancien mur en pierre sont apparentes. Celui-ci se rendait jusqu’à la toiture et intégrait une cheminée. Ainsi, la section plus large est le vestige du deuxième foyer du bâtiment. À l’époque, cet âtre sert à chauffer l’atelier de réparation des engrenages du moulin, tandis que celui de la cuisine permet à la famille de cuisiner. En plus bien sûr, il dégage de la chaleur.Crédit iconographique : Le moulin banal de Charlesbourg, vue sud, par Louis-Philippe Lefebvure, 7 mars 1966, Collection Moulin des Jésuites.